Sacré Mimile!
En ce moment je suis en train de relire ça
On connaît évidemment tous Zola. On n'aime ou on n'aime pas le maître du naturalisme, peintre de la condition ouvrière au XIX° siècle, cauchemar de nombreux lycéens et étudiants qui n'aiment pas ces longues descriptions à n'en plus finir. Bien sur Zola en fait des tonnes (il ne faut pas oublier que ses livres étaient publiés sous forme de roman-feuilleton dans les journaux, et que donc il était payé à la page...). Mais ce qui m'a marqué et ce à quoi je n'avais pas fait plus attention que ça auparavant, c'est la précision du langage. Voici un petit extrait:
Le potage au vermicelle, presque froid, fut mangé très vite, avec des sifflements de lèvres dans les cuillers. Deux garçons servaient, en petites vestes graisseuses, en tabliers d'un blanc douteux. Par les quatre fenêtres ouvertes sur les acacias de la cour, le plein jour entrait, une fin de journée d'orage, lavée et chaude encore. Le reflet des arbres dans ce coin humide, verdissait la salle enfumée, faisait danser des ombres de feuilles au-dessus de la nappe, mouillée d'une odeur vague de moisi. Il y avait deux glaces, pleines de chiures de mouches, une à chaque bout, qui allongeaient la table à l'infini, couverte de sa vaisselle épaisse, tournant au jaune, où le gras des eaux de l'évier restait en noir dans les égratignures des couteaux. A chaque fois qu'un garçon remontait de la cuisine, la porte battait, soufflait une odeur forte de graillon.
C'est bizarre, ça me rappelle quelques restos que je connais! ;-)